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Petit Lexique à l’usage des Adhérents (3/4)

…suite des articles Petit Lexique à l’usage des adhérents 1/4 et 2/4

« Détendre son chien »

C’est la règle de base qu’on essaie d’inculquer dès le début aux adhérents d’éducation ou de sports canins. Quand on arrive, et avant même de rentrer sur le terrain, on « détend son chien ».

Il ne m’a pas fallu longtemps avant de comprendre que les adhérents voyaient derrière cette expression autre chose que les moniteurs.

Qui n’a jamais connu la situation suivante… vous rentrez sur le terrain, vous accueillez vos adhérents et vous lancez  par acquis de conscience :

Tous les chiens sont correctement détendus ? On peut commencer ?

Et là, Madame Stressée vous répond tout de go :

Oui, Torpille a été détendu ce matin. Il a fait un footing de 2 heures avec mon mari.

Torpille est un chien dynamique. C’est sûr qu’après 15km, il va être un peu plus calme et donc plus confortable en cours pour Madame Stressée. Enfin pense-t’elle…. Car Torpille, comme beaucoup de chiens, est encore plus réactif quand il est fatigué. Forcément, l’énergie qu’il a dépensé pendant son footing, il ne l’a plus pour connecter les neurones… Essayez de faire du calcul mental après un marathon !

Vous soupirez et vous vous tournez vers Monsieur Affectif, en espérant une réponse plus appropriée  :

En arrivant on a lâché Chiffon et Kaizer sur le terrain. Ils sont joué comme des fous, ils se sont bien détendus.

En regardant Chiffon couché et haletant, à deux doigts de l’apoplexie, et Kaizer en alerte avec ses yeux de fous, je n’ai pas de mal à imaginer la course-poursuite infernale qui a eu lieu dans mon dos. Me voilà avec un chien crevé qui va passer le temps du cours à se remettre, et l’autre tendu comme un string, auquel il faudra 45 minutes pour reconnecter les neurones et… se détendre.

Un jour, nous avons vécu pire. Une dame qui est arrivée 20 bonnes minutes avant le début de son cours, dans l’espace réservé aux chiens en liberté des agilitistes qui s’entrainaient, et qui y a lâché son jeune chien mâle, fin fou, sans autre forme de procès. On a frôlé la bagarre générale.

La dame nous a expliqué que son moniteur « lui avait demandé d’arriver plus tôt pour détendre son chien avant le cours »…

De quoi s’arracher les cheveux au travers de la casquette.

 Alors pour tous les adeptes de la course-poursuite avant le cours, du défoulage sauvage, de la tentative d’épuisement, et autres zinzinneries, je rappelle la définition suivante :

détendre (verbe transitif, du latin detendere)

Faire en sorte que quelque chose ne soit plus (aussi) tendu, étiré, en diminuer la tension.

Faire cesser un état de tension intellectuelle ou nerveuse, un état de préoccupation ; décontracter, délasser.

Faire disparaître l’agressivité, les conflits, les oppositions, les désaccords à l’intérieur d’un groupe.

(Dictionnaire Larousse)

Autrement dit, quand on vous demande de détendre vos chiens, on attend que vous alliez les faire marcher quand vous les sortez de la voiture (ou « quand ils jaillissent de la voiture » comme des diables hors de leur boite). Le but est de faire baisser le niveau d’excitation qu’ils ont en arrivant, échauffer les muscler doucement, leur permettre de faire leurs besoins (plutôt que d’arroser scrupuleusement le grillage une fois en cours). Parfois il est bon de reprendre le temps de re-détendre le chien en arrivant sur le terrain (les besoins en moins).

Tout cela ne dispense pas évidemment d’un échauffement dans les règles si vous allez suivre un entrainement en sport canin.

Bref.

Si vous voulez que votre chien (et vous même) puissiez profiter un minimum du cours, détendez-le correctement. Il sera physiquement et mentalement plus prêt à travailler, et l’ambiance générale sera plus agréable pour tout le monde.

Et, plus important que tout : votre moniteur, lui aussi, sera bien plus détendu.


 « Se présenter »

Alors ça, c’est la tarte à la crème du dialecte « Club Canin ». J’en ai déjà parlé dans un article précédent, mais je ne résiste pas à le re-développer ici.

Il existe une tradition ancestrale (et à mon sens obsolète) qui impose, dans la plupart des clubs, l’usage du nom du chien pour désigner le maitre. Ne me demandez pas d’où cela vient, je l’ignore autant que je le déplore.

Résultat quand vous demandez à vos adhérents de se présenter, ils comprennent :  « Présentez-moi-vos-chiens-en-omettant-soigneusement-votre-propre-prénom ».

 On se retrouve avec des présentations du style :

Attila, malinois de 4 ans, un peu dissipé.

ou encore :

Ben voilà, c’est Veinard. Il vient de la SPA, on vient de l’avoir.

Des fois, on a juste envie de répondre :

Super, bienvenue Attila et Veinard ! Moi c’est Scooby-doo, mais là vous ne me voyez pas, je suis en kennel dans la voiture.

Je veux bien comprendre que le cœur du sujet, dans un club canin, ce soit les chiens. Et que donc, on focalise notre attention dessus. Mais sincèrement, connaissez-vous d’autres circonstances où on utilise le nom de « l’objet de l’attention » pour se présenter ?

A la sortie de l’école maternelle, je n’ai encore jamais entendu une maman tendre la main vers une autre maman en disant :

Bonjour, Jules, 5 ans, maternelle moyenne section.

Ou son mari entrer chez un garagiste en lançant :

Bonjour, Clio 5 portes, modèle ZoumZoum, 126 350km

Les gens normalement constitués citent d’abord toujours leur patronyme avant de détailler :

– Je suis Julie Lambert, la maman de Jules, 5 ans, en moyenne section

– Je suis Monsieur Lambert, j’amène ma Clio 5 portes

Même à l’hôpital on donnera votre nom avant de vous décrire comme « l’opération de la vésicule biliaire » (au moins devant vous).

 Alors d’où vient cette habitude propre aux clubs canins. Est-ce les moniteurs ou les adhérents qui ont commencé ? Je n’en ai aucune idée. Je ne me souviens même plus si j’ai donné mon prénom en arrivant dans mon tout premier club canin.

En tout cas j’ai noté une propension naturelle, pour les nouveaux adhérents, à omettre soigneusement leur patronyme. Le stress sans doute. Cela permet aussi de laisser la lumière des projecteurs sur le chien, et de s’effacer discrètement derrière (des fois qu’on puisse lui coller tout sur le dos, ça serait chouette !).

Petit aparté… si vous entendez :

« Veinard, détend ta laisse ! »

cela ne veut pas dire du tout la même chose que :

« Muriel, détend ta laisse ! »

On  a l’impression de s’adresser à la même personne, mais entre les lignes, selon le cas, ce n’est pas le même responsable ni le même qui doit corriger la tension de la laisse… insidieux, non ?

Pour en revenir à l’origine de l’utilisation du patronyme canin, il est vrai qu’en tant que moniteur, on retient étrangement mieux les noms des chiens. C’est comme ça. Sans doute cela traduit-il inconsciemment un intérêt plus grand pour le chien que pour le maitre. Que ce soit légitime ou non, je laisse ça à votre propre appréciation.

Mais de là à oblitérer complètement le maitre, tout de même…

Il y a encore pire : l’utilisation la forme impersonnelle.

Hey là-bas, avec Veinard ! On fait attention aux distances de sécurité !

Autant dire franchement :

Hey, l’espèce de truc-machin-innommable qui est au bout de la laisse de Veinard !!

J’insiste sur le « on »… même pas « tu » ou « vous », mais « on ».  L’adhérent ne justifie même plus l’utilisation d’un pronom personnel défini. La déshumanisation la plus complète, voire même, n’ayons pas peur de le dire, le summun de la goujaterie.

Quand je vous disais (dans l’avant-propos, de mémoire), qu’un guide de savoir-vivre pourrait être utile à un moniteur !

Alors je sais. Des fois on a des trous de mémoire. On ne se souvient même plus du nom du chien. Retenir « Nathalie », « Philippe » ou « Muriel » c’était déjà difficile, mais voilà qu’on arrive même plus à se souvenir de « Rex », « Veinard » ou « Chiffon ». Mais vous ne voulez pas passer pour un gougnafier sans cervelle, alors vous n’osez pas re-demander, et aucun autre adhérent ne peut vous souffler la réponse (sinon ça aussi c’est bien pratique).

Evitez le :

Hey, la-bàs !! Vous, oui vous là… avec le malinois hystérique !!

Même si c’est vrai, on est pas obligé de sous-entendre 1) qu’on vous porte tellement peu d’intérêt qu’on a oublié votre nom ET le nom de votre chien, et 2) que votre chien met le bazar dans le cours.

Alors, une fois n’est pas coutume, je vais vous donner un truc simple (petit jingle : « c’est l’Astuce-à-Retex »).

Si vous ayez oublié le nom du chien et de l’adhérent, demandez lui simplement :

Rappelle moi ton nom, je suis désolé, j’ai un trou de mémoire.

Il va vous donner dans la foulée, soit le nom de son chien, soit son prénom.

S’il vous donne le nom du chien, répondez :

Oui, ça je le sais bien, mais c’est ton prénom qui m’échappe.

et s’il vous donne son prénom :

Oui, ça je le sais bien, mais c’est le nom de ton chien qui m’échappe.

Et Pan ! L’adhérent va donc vous donner les 2 informations (prénom+nom du chien), et le tout sans que vous ayez à perdre la face et sans lui manquer de considération (mais moyennant un petit mensonge).

Vous n’aurez plus qu’à conclure poliment, une fois l’information obtenue

Ah mais oui, bien sûr, où avais-je la tête… ?!

Mais manger plus de poisson, c’est aussi une bonne solution.

Quoiqu’il en soit, chers adhérents… un jour prochain vous serez reconnus, et on vous appellera par votre prénom : le jour où vous intégrerez un cours de sport canin, et que vous deviendrez par la même occasion un « licencié ».

Fini « l’adhérent de base », vous entrerez dans la grande famille des futurs potentiels compétiteurs…

En attendant, refusez l’anonymat. Et pour citer un anonyme cher aux téléphages :

Je ne suis pas un numéro chien !! Je suis un adhérent libre !


à suivre dans le dernier volet ….

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Retex, moniteur de club canin, la part potache et caustique de l'auteur du site, qui ressort parfois les soirs de pleine lune...

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