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Petit lexique à l’usage des adhérents (1/4)

Dans un cours, nos pauvres adhérents sont submergés de termes et de notions spécifiques, qu’ils font un réel effort pour intégrer (si, si, le plus souvent, on ne peut pas leur retirer cela). On les abreuve de « renforcement », de « collier neutralisé », de « shaping », de « timing » ou autre termes barbares, souvent étrangers d’ailleurs, sans compter les « ketschke », « singe » et autres notions techniques propres à certains sports canins. C’est tout un vocabulaire technique qu’ils se voient tenus de digérer le plus rapidement possible. Ou plus ou moins rapidement selon leur capacité d’écoute  la capacité de leur moniteur à les transmettre (ne laissons pas les adhérents porter toute la responsabilité de nos échecs sur leurs frêles épaules, que diable !).

Nos pauvres adhérents sont tellement conditionnés aux mots farfelus, qu’ils butent sur des notions simples, élémentaires, qu’ils traduisent immédiatement « en cynotechnique », des fois qu’il y ait un sens caché. Mais c’est notre faute, aussi ! On les brouille avec nos histoires de mots compliqués, et en plus on leur balance le tout quand ils sont bien « le nez dans le guidon », ou dans notre cas, les mains empêtrés dans leur laisse. Comment peuvent-ils un instant réaliser qu’on a re-basculé dans le langage courant ? Hein ?

Vous voulez des exemples ? J’en ai quelques uns. Des mots simples, des expressions compréhensibles par un enfant de 5 ans, qui jetés dans un contexte Club Canin, semble prendre une toute autre définition. Je vous les livre en vrac… certains vous évoqueront peut-être des situations connues.

« Faire la fête »

Tout le monde voit bien ce que cela veut dire quand on parle d’un chien « qui fait la fête à son maitre ». Étrangement, quand on veut que ce soit le maitre « qui fasse la fête au chien », une partie des adhérents ne voit plus du tout à quoi cela peut correspondre. Je veux parler principalement des adhérents mâles.

Avouons-le, ces messieurs ont un terrible trou de mémoire quand il s’agit de se mettre en situation de « faire la fête » sur le terrain, par exemple pour féliciter leur chiot de 4 mois qui vient de réussir son premier rappel. On obtient au mieux un timide « c’est biiiiiien mon chien !! » avec une rapide caresse sur la tête.

Ou pire, l’adhérent mâle peut totalement détourner l’expression, comme Gérard (alias Monsieur Stressé) qui va vous faire répéter 4 fois la consigne pour être sûr de savoir ce qu’il a à faire, et finir par conclure :

Ok, donc quand il revient, je « lui fais sa fête ».

Heu…  Mais même s’il revient bien ?

Vous respirez un grand coup, en vous passant la main sur la figure.

Non mais Gérard… Gérard !!

Pas « lui faire sa fête », mais « faire la fête » !! Cela fait combien de semaines que tu viens ? On se connait un peu maintenant ! Tu crois vraiment que je te conseillerai de « faire sa fête » à ton chiot s’il revient au rappel ? Tu ne sens pas qu’il y a une légère, très légère incohérence à faire voler un chiot de  4 mois qui réussit ce qu’on lui a demandé ? Cela ne te dérange pas quelque part ?

Gérard vous lance un regard interrogateur. Visiblement, il a un blocage profond avec cette satanée notion de « faire la fête ». Mais il essaie de comprendre, on voit bien qu’il essaie !

Bon, alors je lui dis « c’est bien », c’est ça ?

Vous commencez un peu à perdre votre calme.

Bon sang Gérard, je n’ai pas dit de lui dire « c’est bien », je t’ai demandé de lui FAIRE LA FÊTE !! Mode festif, quoi ! Joie de vivre, cotillons, tout ça !

Gérard garde le regard vide. Visiblement, le mot « fête » ne fait pas partie de son vocabulaire. Vous allez devoir employer les grands moyens.

Bon, Gérard. Tu as dû bien faire la fête, au moins une fois dans ta vie, non ? Quand tu étais étudiant ou pour la Coupe du Monde de Foot en 1998, peut-être ? Quand la France a battu le Brésil 3 à 0 ? Tu sais, ce genre de fête où, après une demi-douzaine de bières, tu pouvais te retrouver à danser sur la table avec ton caleçon sur la tête. Tu revois la scène ? Cela t’évoque-t’il quelque chose ?

Oui ?

Bon. Et bien quand ton chiot revient jusqu’à toi, je veux la même chose, mais en gardant ton caleçon.

Gérard acquiesce, il a compris. Vous souriez, tout à votre satisfaction (légitime !) d’avoir réussi à faire passer un message important.

Vous vous remettez en situation, vous d’un côté du terrain avec le chiot, Gérard de l’autre, avec son potentiel de Joie.

Vous lâchez le chiot, qui file tout droit dans les jambes de son maitre, et qui obtient un magnifique :

« C’est … heu… trèèèèèès bien, mon chien !! »

Vous baissez les bras.

Visiblement, il y a un truc dans le chromosome Y qui empêche les hommes de comprendre l’expression « faire la fête » quand ils sont sur le terrain. C’est comme ça, vous n’y pouvez rien, c’est génétique.

Ou alors, vous avez fait une grosse erreur d’appréciation…. : en 1998, Gérard était supporter du Brésil.

Posted in Coin des coachs, Humour, Les Chroniques de Retex and tagged .

Retex, moniteur de club canin, la part potache et caustique de l'auteur du site, qui ressort parfois les soirs de pleine lune...

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